Journal d'exposition
Le premier espace que nous rencontrons est celui des miroirs parallèles. Ceux-ci renvoient une image infinie de par le jeu des réflexions qui se réfléchissent à elles-mêmes, nous offrant une ouverture d'espaces infinis.
Sur le mur, quelques textes nous situent Ostorius 7 : un espace imaginaire, cœur de l'univers, en liaison avec la terre.
Au bas du miroir de droite, on voit transparaître l'image d'un chat qui elle-même se reflète à l'infini. C'est une imagerie de l'expérience de pensée très célèbre du physicien Schrödinger (1887-1961).
Ici le chat n'étant pas présent entre les deux miroirs et dont l'image, pourtant, se reflète, présume de son existence, mais dans un état incertain, à la croisée de ses destins possibles.
Cette expérience de pensée visait à mettre en défaut l'interprétation de résultats d'expériences dans le domaine de la physique quantique. À l'échelle quantique, les particules peuvent être à plusieurs endroits et avoir plusieurs états en même temps (voir expérience des fentes de Young) , elles acquirent un état déterminé qu'après une phase de décohérence.
En imaginant enfermer un chat dans une boite, avec un système qui permet à une particule soit de libérer une fiole de gaz empoisonné si elle acquiert un état A ou de ne rien faire si elle acquiert un état B, Schrödinger veut mettre en évidence le ridicule de la situation démontrant alors que le chat serait donc mort et vivant en même temps avant la décohérence.
À droite des miroirs, un deuxième espace met en évidence un jeu d'ombre avec deux sculptures suspendues. Nous abordons ici l'espace des ombres, une autre forme mystique de l'au-delà et de mondes parallèles tout comme nous en avons perçu l'allégorie avec le jeu des miroirs (mythe d'Orphée vue par Cocteau, Alice au pays des merveilles) .
L'ombre, en faisant partie intégrante de l'œuvre, redéfinie et projette la sculpture-objet dans un espace irrationnel.
Nous arrivons à l'une des pièces maîtresses de cette exposition : le cosmonaute. Celui qui nous a déjà fait voyager, rêver, rien qu'en regardant l'affiche.
Nous sommes dans l'espace de l'imaginaire et du rêve, c'est ce que nous raconte, le personnage imaginaire héroïque du musicien, David Bowie et repris par Peter Schilling: major Tom.
Composé en partie d'extraits de romans de science-fiction. Il nous raconte quelques brides de ses aventures.piochés de « la planètes des singes », roman de Pierre Boule, d'un scénario de Steven Spielberg ( « rencontre du troisième type » )et d'extraits d'un livre d'histoire des sciences.
Comme un christ sur sa croix, lui aussi à sacrifié son corps pour les hommes, et il attend sûrement en retour de notre part un court recueillement pour nous rappeler à la rêverie.
On le devine réconforter le renard, (figure poétique du « petit prince » de Saint-Exupéry), qui semble attendre son maitre, il est certainement bientôt quatre heure.
Dans cette scénographie, les sculptures suspendues jouent à être des étoiles, astéroïdes ou autres corps célestes. Le cheminement de leurs lignes nous ramène toujours au même endroit alors qu'il nous semble que de tous les points de vue différents qu'elles offrent quand nous tournons autour d'elles, les parcours semblent alors différents. Lointaine allégorie du mythe de la caverne, elles nous démontrent que chaque point de vue nous donne une appréhension du réel différent.
Derrière ce tableau, se dévoile une autre constellation, les objets célestes prennent une autre couleur et des pièces au sol nous indiquent que nous abordons un sol étranger. Cette grande créature à trois pattes n'est pas d'ici. Sur Terre, l'homme se tient sur ses deux jambes, les animaux pour la plupart sur quatre pattes, les insectes peuvent en avoir presque comme bon leur semble, mais trois ?
Lorsque nous approchons, quelque chose se met en éveil, un son grave comme venant du sol se manifeste. Serait-ce un lieu sacré à la croisée de lignes telluriques qui nous téléporterait vers d'autres ailleurs ? Le grand tripode et les autres créatures en seraient-ils les gardiens ?
Quand nous touchons le tripode, le dialogue s'installe, le jeu commence, les inquiétudes s'effacent. Bien qu'un peu belliqueuses au premier abord, toutes ces créatures en meute, qui semblent protéger la reine ou cet endroit insolite, semblent plutôt pacifiques. Elles nous invitent à retrouver ces moments où les tables des grands étaient nos cabanes d'enfant, le temps de l'insouciance, de la découverte et de l'émerveillement.
Au sortir de cet espace ludique, nous rencontrons d'autres créatures hybrides dont les dénominations barbares nous laissent à penser qu'Ostorius est un monde plein de surprise.
Au coin, comme un ready-made de Marcel Duchamp, se trouve une machine à voyager dans le temps, elle se déclenche à notre approche et sur le disque que l'on croyait n'être qu'une carte du ciel, se dégage une ligne en spirale qui devient la source d'une onde qui nous absorbe, nous aspire nous hypnose. Puis au retour de ce court voyage lorsque le disque s'arrête, pendant un court temps, les étoiles de cette étrange constellation semblent vouloir sortir du disque ou se rapprocher du centre comme participant à l'expansion de l'univers, puis se re-figeant à nouveau , elles nous ramènent à destination de notre réel.
En repartant nous redécouvrons les sculptures sur colonnes, peut être est-ce encore quelques indigènes de ces mondes magiques et lointains. Ils ne sont pas composés de lignes, mais seulement de surfaces planes pliées entre elles-même, comme des oragimis.
Parties de simple feuilles, prisonnières du plan, elles se sont mues vers la troisième dimension pour s'approprier l'espace, se marier avec l'ombre, et jouer avec la lumière . Elles suivent scrupuleusement un ordre divin, une logique liée au rapport de la suite de Fibonacci, le nombre d'or.
Après s'être retrouvé un court instant face à nous-même de l'autre côté du miroir, quelques pilules à voyager dans le temps, enguirlandées nous attendent. Ces fils qui tombent, parallèle l'un à l'autre, nous ramènent à une autre échelle, du grand au petit, comme pour retrouver l'univers de la physique quantique. Cette installation fait référence à la théorie des cordes et des mondes multiples développée par Hugh Everett . En théorie des cordes, chaque état indéterminé est une promesse d'un autre monde.
Le rapport au petit se fera par un dernier plissement œil pour découvrir ces petits dessins minuscules qui symbolisent les voyages dans le temps et où l'on trouvera Proust et sa madeleine-soucoupe volante nous invitant à un voyage intérieur, à nos souvenirs oubliés.
Enfin, en quittant les lieux, c'est en extérieur que la dernière œuvre nous appellera à voyager, franchissant ses portes, regardant au travers ses fenêtres. Ces trois entités, ces trois parques nous laisseront être au cœur du présent nous offrant toutes les directions de nos futurs possibles.